BIBLIOTHÈQUE

DES

PETITS ENFANTS

APPROUVÉE

PAR MGR L'ARCHEVÊQUE DE TOURS


1re SÉRIE





PATRICE

OU

LES PIONNIERS DE L'AMÉRIQUE DU NORD

PAR

M. DE CHAVANNES



TOURS
ALFRED MAME ET FILS, ÉDITEUR


1878



PROPRIÉTÉ DES ÉDITEURS




INTRODUCTION




On était à la fin du moisd'octobre; il avait plu toutela journée, et vers les huitheures du soir, au momentoù Mme la Place versait unetasse de thé à son mari assisau coin du feu en lisant sonjournal, une furieuse rafales'éleva tout à coup, s'engouffradans la cheminée avec lebruit du tonnerre, et remplittoute la maison de sifflementsétranges.

Henri, le fils de M. la Place,jeune garçon de douze ansqui faisait une partie de dominosavec sa soeur Hélène,un peu plus âgée que lui, s'écriaaussitôt en entendant lefracas de la tempête; «Queltemps, mon Dieu! pour matante et mes cousines!

--Bah! dit M. la Place envoyant pâlir sa femme, ilssont démanchés maintenant.Victor connaît son métier, ila un excellent navire, et ildoit être sur ses gardes, cardepuis ce matin tout annonçaitun coup de vent. Si jene vous en ai rien dit, c'estqu'il était inutile de vous tourmenterd'avance.»

Pour comprendre l'exclamationde Henri, l'émotionde Mme la Place et la réflexionde son mari, il faut que voussachiez, mes chers lecteurs,que cinq jours auparavantla soeur de Mme la Place étaitpartie du Havre avec ses deuxenfants pour aller rejoindre àNew-York M. le Noir, sonépoux, et qu'ils avaient prispassage sur un navire commandépar un ami de M. laPlace, nommé Victor.

Je dois encore vous expliquerla signification du motdémancher, dont s'est serviM. la Place. Ce terme est trèsfréquemment employé par lesmarins des ports situés le longde la Manche, détroit qui séparela France de l'Angleterre.Démancher se dit d'un navirequi sort de la Manche et parvienten pleine mer. Emmancher,au contraire se dit d'unnavire qui s'engage dans cedétroit.

«Père, reprit Henri, pourquoidonc le bâtiment quiporte ma tante est-il moinsexposé en pleine mer que dansla Manche? Il me semble quele vent doit être beaucoup plusfort et les vagues beaucoupplus hautes en pleine mer queprès des côtes.

--Il est très vrai, réponditM. la Place, que la mer estplus dure et que le ventest plus violent en pleine merque partout ailleurs; mais,malgré cela, un navire solideet manoeuvré par de bons matelots,commandé par un capitainebrave et expérimentécomme Victor, ne court presqueaucun danger quand ilnavigue à un millier de kilomètresde la terre la plusproche. La raison en est simple:un grand bâtiment bienconstruit et en bon état résisteparfaitement aux lames lesplus furieuses, parce qu'ellesne peuvent ni entamer sesrobustes flancs, ni par conséquentpénétrer dans son intérieur.Le vent lui-même, siimpétueux qu'il soit, a trèspeu de prise sur ses mâts privésde voiles. Le capitaine du navirequi subit une tempête aumilieu de l'Océan, et celam'est arrivé plus d'une fois,se laisse emporter par elle, etfuit devant le vent, de quelquecôté qu'il souffle, parcequ'il ne craint pas d'être jetésur une côte, contre laquelleil se briserait infailliblement.

Lorsque, au contraire, unnavire est surpris par une tempêtedans une mer ress

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