D'après une aquarelle de Mind, dit le Raphaël des chats.

CHAMPFLEURY

LES CHATS

HISTOIRE—MŒURS—OBSERVATIONS
—ANECDOTES—

Illustré de 52 dessins
PAR EUGÈNE DELACROIX, VIOLLET-LE-DUC,
MÉRIMÉE, MANET,
PRISSE-D'AVENNES, RIBOT, KREUTZBERGER, MIND,
OK'SAI, ETC.

PARIS

J. ROTHSCHILD, ÉDITEUR

43, RUE SAINT-ANDRÉ-DES-ARTS, 43

1869

Tous droits réservés

PRÉFACE

A mon ami Jules Troubat.

I.

Il peut paraître singulier que de longuesétudes soient consacrées à un simple individu,au chat, qui, quoique résumant unepartie des facultés des félins, ne saurait cependantdonner une idée complète des êtresplus considérables de la même race; mais leshabitudes sédentaires de l'animal permettentà l'homme de cabinet de l'étudier à tout instant,sans interrompre son travail. De l'atelierdes alchimistes, le chat a passé chez lesécrivains; il fait partie de leur modeste intérieur,& il offre ceci de particulier avec lesgens de lettres, qu'il a presque autant dedétracteurs que si, lui-même, le chat écrivait.

Comme tous les êtres qui provoquent lescaresses, qui en donnent & en reçoivent,comme les femmes, si le chat a été beaucoupaimé par les uns, il ne lui a pas été pardonnépar les autres, surtout par les métaphysiciens.

Beaucoup avoueraient, avec le père Bougeant,dans le livre peu amusant de l'Amusementphilosophique sur le langage des bêtes,que «les bêtes ne sont que des diables,» &qu'à la tête de ces diables marche le chat.

Descartes fait de tout animal un automate.Pour combattre cette affirmation, il faudraitdéployer un grand attirail de métaphysiquevers lequel je ne me sens pas porté. Je préfèred'autres natures d'esprits: Aristote, Pline,Plutarque, Montaigne, qui assoient leursdoutes sur des faits, prouvés par la raison& l'observation.

Montaigne défenseur de l'intelligence des animaux. D'après un portrait appartenant au docteur Payen.

Les naturalistes, ceux sur lesquels il estcommode au bon sens de s'appuyer, tiennentpour l'intelligence chez les animaux, à commencerpar le père de l'histoire naturelle.

«L'ensemble de la vie des animaux, ditAristote, présente plusieurs actions qui sontdes imitations de la vie humaine. Cette exactitude,qui est le fruit de la réflexion, estencore plus sensible chez les petits animauxque chez les grands.»

Nous voilà loin des automates de Descartes.

Avec Montaigne on n'a que l'embarras duchoix. Les Essais sont le plus riche arsenalen faveur de l'intelligence des animaux. Presqueà chaque page, Montaigne se plaît à rabattrele caquet de l'homme.

«C'est par vanité, dit-il, que l'homme setrie soy mesme & sépare de la presse desaultres créatures, taille les parts aux animaulxses confrères & compaignons, & leurdistribue telle portion de facutz & de forcesque bon luy semble.»

Les animaux confrères de l'homme, voilàce qu'écrivait ce sceptique qui a fait passertant de hardiesses sous le couvert de la bonhomie.

Montaigne accorde la prudence aux abeilles,le jugement aux oiseaux; pour lui, l'araignéequi file sa toile, délibère, pense & décide.Cette prudence, ce jugement, ces délibérations,ces pensées, ces décisions, demanderaientaux métaphysiciens qui ne connaissentguère les animaux des volumes de controverse.

Ces songe-cre

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