ROMAN CANADIEN

PAR MADAME LEPROHON

AUTEUR DE

IDA BERESFORD, EVA HUNTINGDON
CLARANCE FITZCLARENCE, FLORENCE FITZ HARDINGS,
EVELEEN O'DONNELL, LE MANOIR DE VILLERAI,
ANTOINETTE DE MIRECOURT, etc., etc.


ARMAND DURAND

OU

LA PROMESSE ACCOMPLIE

Traduit de l'anglais par

J. A. GENAND


MONTRÉAL

IMPRIMÉ PAR PLINGUET & LAPLANTE
RUE ST. GABRIEL, 30


1869



ARMAND DURAND



Au nombre des premiers colons français qui s'étaient établis dans laseigneurie de ***--nous l'appellerons Alonville--située sur les bordsdu Saint-Laurent se trouvait une famille du nom de Durand. La vaste etriche ferme qui lui avait été transmise de père en fils par successionrégulière lui avait toujours permis de tenir convenablement sa positioncomme première famille du district. C'était une race d'hommes robusteset beaux, industrieux et économes, mais d'une économie qui n'atteignaitjamais les limites de la parcimonie.

Par sa grande et droite stature, par ses cheveux et ses yeux d'un noirde jais, par son visage bronzé et ses traits réguliers, Paul Durandétait un excellent échantillon des représentants mâles de cette famille.Contrairement à la plupart des ses compatriotes qui d'ordinaire semarient très jeunes, du moins dans les districts ruraux, Paul étaitarrivé à la trentaine avant de se décider à prendre femme, non pas qu'ilfût indifférent au bonheur conjugal, mais parce que son père étant mortavant que lui-même eût atteint l'âge de virilité, sa mère avait continuéà vivre avec lui sous le toit paternel, conduisant à la fois sa bourseet son ménage d'une main judicieuse mais un peu arbitraire. Françoise sasoeur unique, s'était mariée, à seize ans, avec un respectable marchandde la campagne qui demeurait dans un village voisin et auquel elle avaitapporté, non-seulement une jolie figure, mais encore une dotconfortable: de sorte que madame Durand pouvait, en toute liberté,veiller sur son fils et se consacrer entièrement à lui.

C'était une bien belle propriété que celle à l'administration delaquelle présidait cette excellente dame: nous ne pouvons résister à latentation d'en faire la description. La maison, d'une maçonnerie brute,était construite substantiellement quoiqu'avec une certaineirrégularité; un grand orme en ombrageait la façade, et tout autour desdépendances et des clôtures d'une blancheur éclatante. Régulièrementtous les ans ces haies étaient blanchies à la chaux, ce qui donnait unnouvel air de propreté à cette ferme si bien tenue et si bien montée. Aune extrémité de la bâtisse s'étendait le jardin, bizarre mélange delégumes et de fleurs, où de superbes roses flanquaient des couchesd'oignons, et où des carrés de betteraves et de carottes étaient bordéesde pensées, de marguerites et d'oeillets. Dans un coin, commodémentplacé au milieu d'un véritable champ de fleurs de toutes couleurs et detoutes sortes, s'élevait une espèce d'abri sous lequel étaient rangéesavec une symétrie parfaite huit ou dix ruches. Mais à quoi bon une pluslongue description? Tous ceux qui ont voyagé sur les rives de notrenoble Saint-Laurent et même sur celles du pittoresque Richelieu ont dûvoir un grand nombre de ces résidences.

Apparemment Paul Durand craignait que les exigences si contraires d'unefemme et d'une mère dans un même ménage ne pourraient se concilier danssa maison comme elles s'harmonisaient dans plusieurs autres, en raisonde la difficulté que madame Durand la mère éprouvait à céder une partiede l'autorité que jusque-là elle avait été habituée à exercer ensouveraine. Ce ne fut donc qu'après l

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